
Babysitter, c’est le deuxième film réalisé par Monia Chokri que vous connaissez probablement pour ses rôles dans les films Laurence Anyways ainsi que Les Amours imaginaires du québécois Xavier Dolan. Passé par le festival du film indépendant de Sundance duquel nous vient chaque année quelques pépites. Il s’agit d’une comédie adaptée d’une pièce de théâtre de Catherine Léger où Cédric, qui a perdu son emploi à la suite d’une blague sexiste devenue virale se met, avec l’aide de son frère, à questionner sa misogynie alors que son couple est quelque peu bouleversé par l’arrivée comme babysitter de la jeune et fantasque Amy interprétée par la comédienne franco finlandaise Nadia Tereszkiewicz.
Babysitter, surtout dans sa première partie, brille par un sens du montage et du cadre haletant. Les scènes sont volontairement surdécoupées, le rythme est infernal. Et si le tempo comique ainsi que le récit ont tendance à se ramollir dans la seconde partie du long métrage, la direction artistique et la photographie restent elles impressionnantes tout du long. Le film est tourné en format 35mm et nous offre des textures de rouges magnifiques comme seul le format pellicule peut en faire. Il s’agit probablement, d’un point de vue plastique, d’un des plus beaux longs métrages de l’année.
C’est un film ambigu, qui se refuse à la binarité, auquel les esprits les plus arrêtés reprocheront de « ne pas choisir son camp » mais qui nous a intéressé par son originalité et sa subtilité. Le film se plaît à singer le male gaze, à le tourner en ridicule avec des plans où les personnages féminins ne nous sont montrés que par leurs seins ou leurs fesses. Cette mise en scène parfois volontairement grotesque puisque vue par un personnage misogyne constitue l’essentiel des gags qui reposent dans l’ensemble plus sur le visuel que sur les dialogues. C’est un pur film de personnages où chaque scène nous est représentée à l’aune de tel ou tel personnage.
On vous mentirait si on vous disait que l’on a trouvé le récit palpitant et le film hilarant (même si on a ri devant le film), mais la direction artistique et le sens du montage sont à ce point maîtrisés et excitants que Babysitter n’en demeure pas moins une oeuvre qui nous a intéressés, enthousiasmés et surtout qui nous a donné envie de suivre la carrière de Monia Chokri qui est une réalisatrice prometteuse.
✍️ : Barnabé Batisse
🖌 : Siilen Dig