
Dernièrement chez Univers, comme vous l’aurez compris, on est beaucoup allé•es au ciné et on compte bien continuer sur cette lancée pour vous faire découvrir des films qui nourrissent notre réflexion.
Il y a quelque temps, c’est Apples de Christos Nikou qu’on a pu visionner au Plaza Art, à Mons, et on vous en parle tout de suite.
« Dans le sillage du cinéma de Yorgos Lanthimos (Christos Nikou est un ancien collaborateur du réalisateur de Canine), Apples empile les situations absurdes sur un ton désenchanté pour sonder avec un humour pince-sans-rire la psychologie de ces drôles de créatures que sont les êtres humains.
Une partie de la population d’Athènes est frappée par une amnésie soudaine. Un homme se retrouve inscrit à un programme de rétablissement conçu pour l’aider à construire une nouvelle vie. Son traitement : effectuer les tâches quotidiennes prescrites par ses médecins sur cassette, et capturer ces nouveaux souvenirs avec un appareil photo Polaroid…»
C’est l’histoire d’un homme qui oublie qui il est. Il devient un numéro. Le numéro 14842.
Comme lui, de plus en plus d’habitants d’Athènes subissent cette amnésie inopinée d’origine inexpliquée.
Arrivé à l’hôpital, il ne se souvient même plus s’il aime les pommes.
Mais 14842 n’a pas seulement oublié, il est un oublié. Il est de ceux que personne ne recherche. Il attend que sa famille – qu’il ne connaît plus – vienne le chercher.
Les jours passent, en vain.
Mais un quotidien sans identité n’est pas facile.
On lui propose un nouveau départ, une nouvelle vie, une nouvelle identité.
14842 accepte. Il va intégrer le programme “nouvelle identité”, qui vise à aider les amnésiques à retrouver une nouvelle vie.
Dans son nouvel environnement, 14842 va devoir réapprendre à vivre, redécouvrir les gestes du quotidien, reprendre des habitudes.
Il commencera par acheter des pommes au maraîcher du coin.
Accompagné de son appareil photo instantané, 14842 va recréer sa vie dans un album photo.
Via des cassettes audio, les médecins vont lui donner tout un florilège de tâches à accomplir, qu’il exécutera, toujours accompagné de ses fameuses pommes.
Aller au cinéma, au club, se faire des amis, danser avec quelqu’un dans un bar, finir la nuit avec lui ou elle, vivre un deuil, faire du vélo – le vélo ça ne s’oublie pas -, avoir un accident de voiture…
14842 rencontre des gens qui, comme lui, ont oublié qui ils étaient et tentent de reconstruire leurs souvenirs.
Un format presque carré – comme des Polaroïds -, des plans longs, de très belles lumières, des couleurs très douces. Et toujours ces pommes.
Esthétiquement parlant, Apples a cet aspect naturel qui renforce l’identification aux personnages, à leurs vies perdues et à leurs quêtes pour les réécrire
Apples est un film à voir et à réfléchir. C’est une allégorie de cette société instantanée où nous ressentons ce besoin inexpliqué de capturer chaque instant. Des photos, des sons, des mégabytes et des mégabytes dont nous faisons au final rarement grand chose. Cette société où nous mettons nos souvenirs entre les mains de la technologie, nous amenant nous-mêmes à oublier aussi instantanément ce que nous vivons.
Christos Nikou prend le temps de nous montrer, de nous réapprendre à apprécier.
C’est un film agréable à regarder, à écouter, en prenant son temps.
On vous conseille vivement de prendre une petite heure et demie pour le voir, parce qu’il en vaut vraiment le détour !
Pour visionner la bande-annonce, c’est par ici.
✍️ : Violette Larcin
🎨 : Siilen Dig