
Récemment, chez Univers, nous sommes allée•es voir Mothering Sunday, le dernier film d’Eva Husson, au Plaza Art, ici à Mons.
Il s’agit là d’un très beau film d’émancipation féminine dans la campagne anglaise du siècle dernier.
Dans le synopsis, on pouvait lire “Cette adaptation du roman de Graham Swift (publié en français sous le titre Le Dimanche des mères) nous plonge dans l’époque post-victorienne pour nous conter une romance teintée de drame où la littérature s’invite habilement.
1924, Beechwood en Angleterre. Jane Fairchild est la bonne d’une famille d’aristocrates, les Niven. A l’occasion de la fête des mères, ses patrons lui accordent une journée de repos. Seulement, orpheline, Jane profite de l’occasion pour retrouver son amant, Paul. Ce dernier est le fils des voisins des Niven et il est fiancé à Emma Hobnay. Les Niven qui ont perdu leur fils lors de la Première Guerre Mondiale se réjouissent du futur mariage de Paul comme si celui-ci était leur propre enfant…”
Mothering Sunday parle de ces femmes qui, dans la société anglaise coincée de l’après Première Guerre Mondiale, sont elles-mêmes coincées dans leurs rôles de femmes, d’épouses et de mères.
On suit principalement l’histoire de Jane, une jeune femme qui travaille en tant que bonne pour une famille de notables anglais, les Niven. Comme l’indique le titre du film, l’histoire prend place un dimanche de fête des mères.
Tout autour de Jane gravitent d’autres femmes, d’autres histoires.
En ce dimanche de fête des mères, les Niven donnent donc leur journée à leurs employées et partent à un énième dîner mondain.
Jane et la cuisinière vont à vélo jusqu’à la gare, puis se séparent car celle-ci va rendre visite à sa mère. Jane, elle, est orpheline, orpheline un jour de fête des mères – condition peu enviable. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle porte le nom de Jane Fairchild.
Elle s’en va donc se promener dans la campagne, lire un livre et pique-niquer, a-t-elle dit à ses employeurs.
En réalité, on découvrira que Jane va rejoindre son amant, Paul, qui n’est autre que l’un des fils d’une famille de notables voisine, amie des Niven.
Alors qu’il relationnait déjà avec Jane, il a demandé en mariage Emma, la fille d’une autre famille de notables.
Tous ces notables sont voisins et amis, se fréquentant dans un entre soi symptomatique de ces milieux.
Paul et Emma sont les derniers survivants de tous les enfants de ces familles ; on comprend que les autres sont morts à la guerre. Malgré leurs privilèges, une pression règne sur eux : la pression d’être le dernier bonheur de leurs parents.
De par leurs conditions sociales opposées, l’histoire de Jane et Paul est vouée à l’échec. On sent que Paul aime Jane – c’est sa seule véritable amie – mais il l’utilise.
Il faudra qu’un drame se produise pour que Jane réalise que son avenir est ailleurs.
Orpheline dès la naissance, si lourdement endeuillée dès son arrivée au monde, elle n’a rien à perdre et tout à gagner.
En partant, elle aura enfin un lieu à elle, un endroit pour penser, pour écrire. Une chambre à soi comme dirait l’autrice Virginia Woolf.
On se rappelle que dans une pièce de la grande demeure de Paul trônait une magnifique orchidée, symbole d’amour et de passion. Jane en cueillit une et s’en alla.
La fleur fanée symbolisera peut-être la fin d’une première passion amoureuse pour Jane. Comprenant et saisissant sa chance d’être sans attaches, elle pourra enfin s’adonner à ce pour quoi elle est née : l’écriture.
L’évolution de Jane se remarque aussi par le changement de sa coupe de cheveux, qui s’affirme au fur et à mesure qu’elle évolue et se libère en tant que femme.
Mothering Sunday questionne la condition des femmes, coincées dans leurs rôles, limitées dans leurs actions par la pression du monde, condamnées à être de gentilles épouses et de douces mères.
L’histoire de Jane est celle de millions et de milliards de femmes, différemment conditionnées selon les lieux et les époques.
On a beaucoup apprécié ce film, aussi beau sur la forme que puissant sur le fond.
La douceur et la chaleur qu’Eva Husson a réussi à montrer à l’écran s’équilibrent bien avec la force du message de ce film et son travail nous a donné envie de lire le livre l’ayant inspiré.
Pour voir la bande-annonce, c’est par ici !
Mothering Sunday est visible demain 11h au Plaza Art, ici à Mons, et on vous recommande vivement d’aller le voir sur grand écran tant qu’il est en salle !
✍️ : Violette Larcin
🎨 : Siilen Dig