
Depuis trois semaines, En même temps, le nouveau long-métrage du duo mythique à l’origine du Groland est en salle. Pour les habitués de comédies, c’est l’occasion de retrouver des têtes familières, à commencer par Kervern et Délépine, lesquels apparaissent, comme souvent, très brièvement dans le film. En outre, le casting compte également quelques perles : Yolande Moreau, Anna Mougladis, Ovidie, ou encore Doully ainsi que la chanteuse et comédienne Jehnny Beth que vous avez pu apercevoir récemment dans Kaamelott ou Les Olympiades. Sans oublier Thomas VDB (Vandenberghe ndlr.) ou l’excellent Vincent Macaigne, qui vient d’être nommé aux César dans la catégorie meilleur acteur pour le thriller Médecin de nuit et le toujours aussi drôle Jonathan Cohen. Des personnages principaux à mêmes de faire s’illuminer les yeux de quiconque !
En effet, le premier prête ses traits à un maire écolo quelque peu rigide et ennuyant d’une petite bourgade, le second incarne le maire d’une ville voisine : Didier Béquet, fondateur du mouvement d’extrême-centre. Bien vite, il se révèle tour à tour inculte, arriviste et à la tête d’une droite décomplexée. Au fil des péripéties, les deux protagonistes sont amenés à se rencontrer pour discuter d’un projet ultra polluant soutenu par Didier Béquet et qui vise à raser une forêt primaire pour en faire un parc aquatique. Magie du scénario, et de la colle ultra forte utilisée pour l’assemblage de la fusée Arianne, les deux compères vont se retrouver collés, passant ainsi d’êtres bipèdes au stade de créatures quadrupèdes.
Ce casting cinq étoiles, associé à la créativité et la patte de ce tandem de réalisateurs orfèvres, permet d’accoucher d’un projet enthousiasmant faisant se chevaucher humour déridant et engagement politique féministe et écologiste. A n’en pas douter, l’enchaînement des situations toutes plus drôles les unes que les autres en conquerra plus d’un.
Certes, le filmage n’a jamais été la qualité première de Gustave Kervern et de Benoit Délépine. Pourtant, et en dépit d’une réalisation qui demeure marquée par certains manquements, le tournage nous offre de l’originalité et de belles images. Il ne s’agit donc pas là d’un énième téléfilm apportant son lot d’images saturées de comédies bouffies auxquelles la comédie française nous a parfois habitué par le passé. Ainsi, Kervern et Délépine appartiennent à cet espace trop rare que l’on nomme la comédie d’auteur : leurs films, comme ceux d’Albert Dupontel, sont reconnaissables par tous, ils ont une patine très singulière.
Si par hasard vous n’êtes pas fan des œuvres de ce duo, prenez tout de même le chemin des salles du grand écran ! Prenez votre courage à deux mains et préparez-vous à supporter le masticage de pop-corn de votre voisin de derrière. J’en suis convaincu, vous n’êtes pas insensible à la totalité de leurs films, auquel cas vous seriez bizarre. De plus, celui-ci est non seulement un des plus aboutis mais également probablement le plus « grand public ». Evidemment, vous reconnaitrez le pattern du duo et vous ne serez nullement déçus si vous êtes d’ores et déjà des amoureux de leur univers. Par ailleurs, par bien des aspects, il s’agit d’un film moins ardu et moins étrange, voire moins radical que certaines de leurs œuvres comme Saint-Amour ou Mammuth.
Les fans de Jonathan Cohen que l’on sait nombreux seront ravis de le voir dans un rôle truculent où le caractère de son personnage sera tout bonnement insupportable et où les situations pénibles qu’il sera amené à vivre lui permettent de nous régaler d’autant de pétages de câbles délicieux.
Alors qu’une semaine avant sortait le pénible Qu’est ce qu’on à tous fait au bon dieu, En même temps se pose comme son antithèse, un discours politique féministe et social aux antipodes des clichés racistes véhiculés dans le troisième opus de cette saga et une vraie vision singulière de cinéma qui contraste avec le non film Qu’est ce qu’on à tous fait au bon dieu. Un bol d’air pur que l’on vous recommande. Il ne vous reste plus qu’à vous rendre au Plaza pour vous faire votre propre avis.
🖌 : Siilen Dig